43 | Chronique Littéraire ~ Corruption
Quand la corruption est partout.
Denny Malone est le roi de Manhattan North, le leader charismatique de La Force, une unité d’élite qui fait la loi dans les rues de New York et n’hésite pas à se salir les mains pour combattre les gangs, les dealers et les trafiquants d’armes. Après dix-huit années de service, il est respecté et admiré de tous. Mais le jour où, après une descente, Malone et sa garde rapprochée planquent pour des millions de dollars de drogue, la ligne jaune est franchie.
Le FBI le rattrape et va tout mettre en œuvre pour le force à dénoncer ses coéquipiers. Dans le même temps, il devient une cible pour les mafieux et les politiques corrompus. Seulement, Malone connaît tous leurs secrets.
Et tous, il peut les faire tomber…
Chronique littéraire
« Les flics éprouvent de la peine pour les victimes et de la haine pour les criminels, mais ils ne peuvent pas avoir trop de peine car ils ne pourraient plus faire leur travail, et ils ne peuvent avoir trop de haine car ils se transformeraient en criminels.(...) Alors, les flics se construisent une carapace, ils s'entourent d'un champ de force qui semble dire "Pas de quartier" et que chacun peut sentir à trois mètres. »
Cela faisait très longtemps que je n’avais pas lu de policier et quel bonheur de remettre le pied à l’étrier avec une telle pépite ! Je ne connaissais pas la plume du grand Don Winslow et c’est une très belle découverte.
Le sergent Denny Malone règne en maître sur le quartier de Manhattan North de New York. Il se fait respecter par ses collègues flics et est connu comme le loup blanc dans les rues de la grosse pomme. Il fait partie de la Manhattan North Special Task Force dont le but est d’éradiquer les dealers et la diffusion de la poudre blanche dans les rues. On ne peut pas être plus clair, Malone en a dans le pantalon ! Il se frotte aux plus grands dealers et voyous de New York au côté de ses compères Russo, Monty et Montague. Seulement le grand Denny Malone ne règle pas ses affaires aussi clairement que le pense son supérieur. A chaque arrestation, l’équipe se sert généreusement dans les caisses des dealers. Un salaire en plus qu’ils s’efforcent de cacher. Jusque là, rien de bien grave selon cette petite bande car Malone le sait, les flics corrompus existent pas milliers. Seulement tout bascule le jour où Malone abat froidement un dealer. L’affaire Pena commence alors, et il se pourrait bien que certains se brûlent les ailes… C’est sur cela que commence Corruption, par cette fin qui nous appâte en tant que lecteur et dont nous brûlons de connaitre le pourquoi du comment le grand sergent Denny Malone a emprunté cette pente glissante pour devenir lui-même un informateur.
J’ai adoré le personnage de Malone. C’est un flic certes, mais un ripou. Il est conscient que ce qu’il a fait pourrait bien le conduire en enfer et risque de ne plus pouvoir porter son insigne et faire le métier qu’il aime, mais il a ça dans le sang. Il se frotte aux plus dangereux dealers de drogues, prend des risques énormes pour tenter de venir à bout de la diffusion de la coke dans ce qu’il appelle son territoire, mais il le fait à sa manière. Tu envoie de la poudre blanche dans mes rues ? Je te butte et je te vole au passage. Malone est aussi cru dans ses paroles. C’est un personnage très intéressant car si d’un côté il semble être fait de roc et ne ressent aucune émotion à tuer un homme, il est un collègue hors pair et extrêmement fidèle. Mais jusqu’à quel point ?
« Un flic qui touche un pot de vin, c'est un criminel ; un fonctionnaire en fait autant, ça fait partie du business. »
Corruption a tout d’un très grand policier. C’est un récit sombre, violent mais qui semble être teinté de vérité. L’auteur nous livre une vision de la justice et du système américain on ne peut plus sale et corrompu, où seul l’avidité de l’argent semble pouvoir régler tous les problèmes. Car de près ou de loin, chacun de ses personnages est condamnable. On y retrouve également une image assez glauque de New York où s’entremêlent drogue, racisme, tuerie, prostitution et arrangement avec la police. Personne n’est blanc dans cette histoire, du plus haut rang de la hiérarchie au plus simple employé, et c’est ce qui ajoute un certain degré de tension. Qui se fera prendre et qui échappera à l’inévitable ? On ressent une réelle documentation sur le sujet et c’est assez effrayant de se dire qu’une chose pareille arrive certainement au même moment que notre lecture.
Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. Le suspens est présent et on vit l’histoire à travers les yeux de Malone qui n’a pas de temps de répit. Il traque jours et nuits les dealers à l’aide de ses indics. Il a une manière de s’exprimer qui est très cru et parfois un peu homme des cavernes, mais ça a le mérite d’être clair et de faire taire même les plus aventureux. J’ai eu un peu de mal à me plonger directement dans l’histoire au début car je n’ai pas l’habitude du genre d’écriture de Don Winslow. J’étais donc un peu désorientée mais finalement, cette plume singulière ajoute une touche en plus et concorde parfaitement avec l’univers policier, des magouilles et de la corruption. Car oui, ce roman porte son titre à merveille ! Je n’aurais pas pu trouver mieux. C’est le premier Winslow que je lis et je compte bien ne pas m’arrêter là !
En bref...
Corruption est un policier extrêmement bien écrit, avec des personnages corrompus à souhait qui évoluent dans un univers sombre et violent, conduisant le lecteur dans une tension constante. Drogue, ripoux, bas-fonds de New York, prostitution, indics, argent sale… ce roman traite à merveille d’une justice et d’un système américain corrompu jusqu’au plus haut de la hiérarchie sociale. J’ai adoré, je vous le recommande vivement !