La route du lilas
Sens la douce odeur du lilas.
Chaque printemps, Shelly et Laura traversent les États-Unis pour suivre la floraison du lilas. En plus de leur offrir quelques mois de lilas supplémentaires, ce périple leur permet de faire passer clandestinement la frontière canadienne à des femmes en fuite qui veulent refaire leur vie. Cette année, elles accueillent Maria Pia, sexagénaire brésilienne, à bord de leur camping-car. Initiée au rite de l’écriture sous l’influence du parfum enivrant du lilas par ses deux compagnes de voyage, Maria Pia dévoile au fil des jours et des pages les raisons de sa cavale, son histoire ainsi que celle des femmes qui ont marqué sa vie. Entre passé, présent, mythe et réalité, du Tennessee à Montréal en passant par Rio et Paris, ces histoires enchevêtrées dessinent une ode à la résilience et à toutes les femmes du monde.
Chronique littéraire
« Puis, le phénomène se produisit. Dès que le parfum se précisa, le visage de Pia s'adoucit, toute la tension faciale disparut. (...) Il avait suffi d'un effluve pour effacer plusieurs décennies de sa vie et ranimer en elle des souvenirs qu'elle avait crus à jamais oubliés. »
J’ai deux émotions distinctes en moi après avoir lu La route du lilas. La première est une impression d’avoir lu un grand roman, une belle histoire familiale qui laisse des traces sur son lecteur. La seconde est une impression de frustration, de ne pas avoir réellement apprécié toute cette histoire sûrement à sa juste valeur. Lorsque j’ai commencé ma lecture, j’ai été happée tout de suite par Pia et son histoire. Pourquoi une sexagénaire brésilienne quitte son pays clandestinement et subitement pour rejoindre le Canada en suivant la floraison du lilas à travers l’Amérique du Nord ?
J’ai adoré la première partie du roman, soit environ la moitié. J’étais hyper emballée, je me suis dit que ce serait sûrement un coup de coeur tellement j’étais prise dans l’histoire et que j’aimais ce que je lisais. Et puis une fois que le récit s’est peu à peu décroché de Pia et s’est davantage focalisé sur sa fille Simone, ou encore sur Rosa, la fille de son amie Thérèse, la magie s’est éteinte. Je n’ai pas été autant transporté dans la seconde partie du roman et ça m’énerve ! Je suis vraiment frustrée de la tournure de l’histoire. Alors oui, on en apprend aussi beaucoup sur les raisons du départ de Pia mais j’étais plus réceptive lorsque c’était Pia elle-même qui racontait son passé lors de ses sessions d’écriture sous le lilas pendant son voyage.
En parlant de lilas, j’ai trouvé cette « excuse » pour passer les frontières sans éveiller les soupçons vraiment géniale ! Durant la première partie, on retrouve beaucoup d’anecdotes autour de cette fleur. D’où vient le lilas, comment s’est-il exporté, qui est son créateur, quelles sont les différentes espèces qui existent ? On en apprend beaucoup ! Et au détour des descriptions, on peut presque sentir la douce odeur du lilas nous chatouiller les narines. Je pense que c’est en partie pour ça que j’ai autant aimé cette première partie du roman. Parce que j’avais l’impression de faire partie du voyage et de suivre la route du lilas au côté de Shelly, Laura et Pia à bord de leur camping-car.
« Pour Shelly, les effets exercées par le parfum du lilas chez la femme ouvrent des perspectives créatrices infinies. Selon elle, l'homme est en général indifférent au lilas non seulement parce que la société moderne patriarcarle et machiste lui interdit de s'émouvoir sur des choses aussi légères que le parfum d'une fleur, mais aussi, tout simplement, parce que le cerveau masculin est incapable de percevoir la charge émotive du lilas. »
J’ai beaucoup aimé le personnage de Pia. C’est une femme courageuse, qui sait ce qu’elle veut et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle se fous royalement du regard des autres et vit sa vie comme elle l’entend. Entre deux pauses dans son voyage, après avoir senti l’odeur du lilas, elle raconte son passé. Comment cette jeune brésilienne s’est retrouvé de Rio à Paris, puis avec qu’une idée en tête : rejoindre le Canada. Et malgré un drame survenu à Paris, elle garde la tête hors de l’eau. C’est une battante !
Les personnages de Shelly et Laura m’ont apparues un peu secondaire. Alors oui, elles le sont car elles n’ont rien à voir avec l’histoire de Pia, mais sachant que c’est grâce à elles que notre Pia tente de traverser la frontière, j’aurais beaucoup aimé en apprendre plus sur ces deux femmes. Car hormis savoir qu’elles sont fan du lilas et qu’elles aiment suivre sa floraison chaque année, on en sait pas plus… encore une frustration pour ma part.
Finalement, même si ça n’a pas été un coup de coeur, j’ai tout de même bien aimé ma lecture dans l’ensemble. J’ai découvert un auteur que je ne connaissais pas et je pense que je lirais son roman La fiancée américaine. Sa plume est vraiment agréable et il a l’art de savoir raconter l’Histoire à travers un roman. Car ici, en plus d’en apprendre beaucoup sur le lilas, on découvre également le triste sort de Léopoldine, impératrice du Brésil jusqu’en 1826. Il est aussi question de l’homosexualité et de violences faites aux femmes.
En bref...
Une première partie haute en couleur qui frôle le coup de coeur, et une seconde moitié de roman un peu moins prenante selon moi. J’ai aimé découvrir l’histoire de Pia à travers la route de floraison du lilas en Amérique de Nord. J’ai été un peu frustrée que la seconde partie du roman se concentre sur d’autres personnages et qu’on ne retrouve pas le récit de Pia. Ça n’en reste pas moins une très bonne lecture avec un écrit de qualité !